galéjade

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

(1881) Emprunté à l'occitan galejada (« badinerie »)[1], (graphie mistralienne  : occitan galejado — (Frédéric Mistral, Le Trésor du Félibrige, 1878)[2])

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
galéjade galéjades
\ga.le.ʒad\

galéjade \ɡa.le.ʒad\ féminin

  1. (Familier) (Provence) Façon exagérée et plaisante de raconter une aventure ou de peindre les choses.
    • C’était un Marseillais qui ne parlait que de la Canebière, du cabanon, d’Olive, de Marius, de pêche à la rascasse. On l’aurait laissé faire, il eût entremêlé "L’Internationale" de galéjades. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • […] et ce fut le départ pour la « Gare de l’Est ».
      Cette « gare » n’était rien d’autre que le terminus souterrain d’un tramway, et son nom même était une galéjade.
      — (Marcel Pagnol, Le château de ma mère, 1958, collection Le Livre de Poche, page 204)
    • Nous allions témoigner en faveur de Pétugue, et sur la place du village, en jurant « croix de bois croix de fer », nous pourrions réhabiliter ce martyr de la galéjade, qui nous serrerait sur son cœur en pleurant. — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, pages 226-227)
    • Il n’y a qu’à Marseille qu’on peut faire d’un mouvement syndical une grosse galéjade ! — (Jean-Pierre Foucault, Les cigales sont de retour, 2006)
  2. Tout autant qu'un type de récit ou une posture, et beaucoup plus qu'un simple mensonge ou seulement une « blague », la galéjade est pour certains une manière d'être plaisante en société, un style de conversation fondé sur la surenchère, une sorte de « convention de bonne compagnie », voire un moyen pour tester les réactions d'un interlocuteur :
    • Tout ce qui vient du sud demeure toutefois suspect d'affabulation, et devient aussitôt « histoire marseillaise ». Pourtant il est bien moins aisé de mentir en Provence que partout ailleurs. En fait, nous ne pratiquons que la galéjade. C'est un mot intraduisible en langue d’oïl et qui nous a fait du tort, faute d'être compris. Il s'agit en fait d'une convention de bonne compagnie, un jeu subtil qui consiste à rapporter un événement à la limite de la crédibilité. (Rien d'ailleurs ne l'empêche d'être vrai, et c'est précisément ce qui fait l'intérêt du jeu.) Celui qui vous écoute fera de toute façon semblant de vous croire. Ce qui lui permettra de renchérir avec une autre histoire encore plus incroyable dont, par simple courtoisie, vous feindrez à votre tour d'admettre la véracité.
      Dans cette joute, personne n'est dupe.
      On ne s'affronte que pour le plaisir.
      Quand nous galéjons entre nous bien entendu, car avec les « étrangers » la galéjade est une manière d'examen de passage qui nous permet de mesurer le degré de crédulité d'un partenaire de hasard avec lequel nous ne nous sommes jamais affrontés.
      — (Yvan Audouard, Ma Provence : romans et contes, Plon, 1993, collection « Omnibus », pages 73-74)

Synonymes[modifier le wikicode]

Dérivés[modifier le wikicode]

Vocabulaire apparenté par le sens[modifier le wikicode]

  • estrambord :
    Finalement, la « galéjade » qui feint de ne rien prendre au sérieux est l'aveu d'une angoisse dissimulée derrière « l'estrambord » de nos gesticulations verbales. Le mystère de notre présence sur la terre s'en trouve renforcé. — (Yvan Audouard, Ma Provence : romans et contes, Plon, 1993, collection « Omnibus », page 54)

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]