craindre

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Du gallo-roman *crĕmĕre, altération du latin trĕmĕre, d'après le gaulois *critô « frémir » (cf. gallois cryd (« frissons »), ysgryd (« avoir des frissons »), irlandais crith « trembler, avoir des frissons »). Il aboutit régulièrement à criembre en ancien français (vers 880, Cantilène de sainte Eulalie), puis il est refait en craindre, d'après les verbes en -aindre (fraindre, plaindre, etc.).

Verbe [modifier le wikicode]

craindre \kʁɛ̃dʁ\ transitif ou intransitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Envisager par la pensée quelqu’un ou quelque chose comme devant être nuisible, dangereux.
    • Ces personnes ont craint, en pénétrant trop avant dans le système de l'homme, de voir disparaître ses plus brillantes attributions. — (Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc, V. 35, 1816, page 376)
    • Une accusation de complot contre la vie de Napoléon III fut abandonnée par prudence ; l’idée était dans l’air, on craignait d’évoquer l’événement. — (Louise Michel, La Commune, Paris : P.-V. Stock, 1898, page 22)
    • Nous ne prenions jamais une auto dans que je dise au chauffeur : « Pas trop vite hein, vieux, madame a peur. » Mais il savait bien que c’était moi qui « craignais », comme on dit en Avignon, et il riait de bon cœur. — (Léon Daudet, Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Vingt-neuf mois d’exil, Grasset, réédition Le Livre de Poche, page 462)
    • Stendhal dit quelque part que le soldat ne craint pas la mort, parce qu'il espère bien l'éviter par son industrie ; cela s’appliquait tout à fait à ce genre de guerre que nous faisions. — (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 102)
    • Jim et Jimmy, qui devaient débuter le surlendemain à Genève, avaient craint qu'on ne les empêchât de partir. — (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Ahmed Abdou s'effrayait aussitôt, et craignait que la graine dure et traîtresse, cachée sous les fibres, ne blessât la fillette. — (Out-el-Kouloub, « Zariffa », dans Trois Contes de l’Amour et de la Mort, 1940)
    • Ne craindre ni Dieu ni diable, se dit d’un homme qu’aucune crainte n’arrête.
    • Je ne crains pas de le dire, de l’assurer, etc., Je n’hésite pas à le dire, à l’assurer, etc., parce que j’en ai la certitude.
  2. Respecter, révérer.
    • Craindre Dieu.
    • Craindre son père, sa mère.
  3. Être susceptible de subir certaines choses qui peuvent atteindre, endommager ou détruire.
    • Ces arbres ne craignent pas le froid.
    • Cette couleur craint le soleil.
    • Ce vase de terre ne craint pas le feu.
  4. (Intransitif) (Populaire) Présenter un risque, être dangereux, en parlant d'une personne ou d'une situation.
    • Des grosses bêtes
      Des choses pas sympa
      Des gros trucs cracras qui craignent grouillent et qu’ont les crocs

      — (Stupeflip, Les Monstres sur l’album Stupeflip, 2003)
    • Il craint.
    • Ça craint.

Synonymes[modifier le wikicode]

Envisager comme nuisible ou dangereux
avoir peur, avoir peur de
redouter

Antonymes[modifier le wikicode]

Être susceptible de ce qui peut endommager ou détruire
supporter

Dérivés[modifier le wikicode]

Envisager quelqu’un ou quelque chose comme nuisible ou dangereux
crainte, entre-craindre
Présenter un risque
craignos

Proverbes et phrases toutes faites[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (craindre), mais l’article a pu être modifié depuis.
  • [1] Jean-Paul Sauvignac, Dictionnaire français-gaulois, Paris: La Différence, 2004, pp. 108-9.
  • [2] William Pierce Shepard, A contribution to the history of the unaccented vowels in Old French, p. 51 : [1].