emboucaner

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Dérivé de boucaner, avec le préfixe en-, à cause de la couleur noire que donne la fumée aux objets que l’on boucane.

Verbe [modifier le wikicode]

emboucaner \ɑ̃.bu.ka.ne\ transitif ou pronominal réfléchi 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’emboucaner)

  1. (Pronominal) S’obscurcir ou se couvrir, en parlant du ciel.
    • Et quand Alissa était triste, sa prunelle s'assombrissait comme un paysage sous un ciel qui s'emboucane. — (Joël Pon, Histoires extraordinaires de patients presque ordinaires, Odile Jacob, 2005, page 61)
    • Les nuages envahissent alors le ciel qui s'emboucane, puis se colore de feu. Les changements s'effectuent à très grande vitesse, comme sous l'action d'un vent violent. — (Pierre Kalmar, L'apprentie sorcière du lac de Servières, Le Mont-Dore : Crébu Nigo, 2010, page 95)
  2. (Par analogie) Noircir, obscurcir ; encombrer.
    • Saint-Louis ne connaissait pas l'agitation ni les embouteillages qui emboucanaient déjà Dakar. — (Vincent Raude, Ma part du Trésor : le parcours de l'un des derniers trésoriers-payeurs généraux, Éditions L'Harmattan, 2014, page 36)
    • Au premier coup de lame, pfuit ! La vesse-de-loup se dégonfle et se ratatine. Et puis c'est qu'on s’emboucane drôlement le visage, avec toute cette poudrerie noire ! — (Philippe Arseneault, Zora : un conte cruel, Paris : Équateurs, 2014, chapitre 4)
  3. (Pronominal) S’ennuyer.
    • Elle s’est emboucanée tout cet été.
  4. (Transitif) (Argot) Puer ; empester.
    • Mais il n’était pas délicat sur l’odeur.
      — Tu nous emboucanes, lui dit Bergues.
      — (Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1947)
    • Et, s'y lançant en riant, avalant les marches quatre par quatre, Paille, sa mallette d'impresario sous le bras, en oublia la persistante odeur de beignets frits et de suint d'âne qui emboucanait la partie basse de la ville. — (Jean-Luc Coatalem, Le fils du fakir, Grasset, 1998)
    • La promesse valait pour l'ensemble des chasseurs, dont la transpiration mêlée aux émanations alcoolisées d’après-rasage emboucanait l'atmosphère d'un suint pimenté. — (Michel Embareck, La mort fait mal, Gallimard, 2000 & Archipoche, 2013, chapitre 24)
  5. (Transitif) (Sens figuré) Correspond à flétrir la réputation.
    • Ce salaud m’a emboucané, si tu savais !
  6. (Transitif) (Sens figuré) Prendre la tête ; engrainer.
    • Tatave, vous avez vu un peu comment qu'il maltraitait le guignon. Il s'emboucanait pas l'esprit à l'angoisse transcendantale... on l'avait pas éduqué pour. — (Alphonse Boudard, L'Hôpital : Une hostobiographie, La Table Ronde, 1972 & GLM LLC, 2016, chapitre 2)
    • J’vais pas m’laisser emboucaner par les fachos, par les gauchos, tous ces pauvres mecs endoctrinés qui foutent ma révolte au tombeau — (Renaud, extrait de la chanson Où c’est qu’j’ai mis mon flingue.)
  7. (Transitif) (Sens figuré) S’emmêler les pinceaux, s’induire en erreur.
    • Avec tous ces calculs, je me suis emboucané, je n’ai plus qu’à tout recommencer !
    • Putain Joss c’est quoi cette organisation ?, tu veux qu’on s’emboucane ou quoi ?
  8. Irriter ; énerver.
    • Pour clore une conversation qui l’emboucanait, de Palma attrapa un carton qu'il avait récupéré chez le marchand de fruits et légumes de la rue de l’Évêché. — (Xavier-Marie Bonnot, Premier homme, Éditions Actes Sud, 2013, chapitre 2)
  9. (Marseille) (Sud de la France) Escroquer, abuser , tromper, enfumer, se fâcher.
  10. (Nouvelle-Calédonie) Ensorceler ; envoûter[1].
    • […], et ils ont amené beaucoup de pratiques qui se faisaient aux Hébrides, de sorcellerie. Ça explique un peu comment eux ils ont pris le dessus, ils ont emboucané les gens. Ici autrefois, on n’emboucanait pas les gens comme on fait maintenant, c'était une chose qu'on ne faisait pas, on tuait plutôt les gens. — (Michel Naepels, Histoires de terres kanakes: conflits fonciers et rapports sociaux dans la région de Houaïlou (Nouvelle-Calédonie), Belin, 1998, page 218)

Dérivés[modifier le wikicode]

Apparentés étymologiques[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]

  1. Christine Pauleau, Le français de Nouvelle-Calédonie, EDICEF, 1995, ISBN 9782841290239, page 74.