poisson d’avril

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Concernant la plaisanterie
L’origine de ce terme reste obscure. Une explication serait qu’il viendrait de l’époque où le début de l’année était le premier avril, jour théorique du printemps. Les étrennes données ce jour-là prenaient le nom de « poisson d’avril », par allusion au fait qu’au début de l’année, le Soleil quittait le signe des Poissons (dernier signe de l’année zodiacale) pour entrer dans le Bélier. Le début d’année ayant été fixé au 1er janvier par l’Édit de Roussillon de Charles IX, en France, les étrennes traditionnelles ont été remplacées par des farces.
La première référence reconnue au poisson d’avril, d’après le Trésor de la langue française informatisé, date du Dictionnaire de l’Académie française, 4e édition (1762), à l’article « poisson » ; en fait, on le trouve déjà dans l'Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine [1], par Augustin Calmet, (publiée à Nancy chez Jean-Baptiste Cusson, 1728, vol. 3, p. 261), où l’auteur signale que l’usage existait à Nancy en 1634, et qu’il y était redouté des Français venus en Lorraine, et qui, alors, ignoraient cet usage [voir citation ci-dessous].
Et même, pour une période antérieure, la revue Le Pays Lorrain, tome 6, 1909, page 240 indique que « l’usage en était connu dans le pays messin au XIVe siècle, […]. Le pasteur Paul Ferry cite l’expression dans ses manuscrits relatifs à l’histoire de Metz ».
Enfin, Pierre Adam d’Origny (1697-1774), dans son Dictionnaire des origines, ou Époques des inventions utiles, des découvertes importantes, et de l’établissement des peuples, des religions, des sectes…, Paris : chez J.-F. Bastien, 1777, en 6 tomes, dans le tome M-Q, page 405 [2], propose trois étymologies possibles :
  • Par les fréquentes pêches que l’on fait en avril.
  • Par la corruption du mot de la Passion, dans son sens religieux, qui a lieu surtout en avril.
  • Par un mauvais tour qu’aurait fait un duc de Lorraine au roi de France en s’échappant du château de Nancy, à la nage, par la Meuse, un 1er avril, celui de l’année 1635 semblerait-il. (La Meuse à Nancy ! Voilà un poisson d’avril !)
Concernant les maquereaux, surnommés autrefois eux aussi « poissons d'avril »
Selon Antoine Oudin : on nomme le maquereau « poisson d'avril » du fait de la période traditionnelle de pêche de ce poisson. Pour ce qui est du surnom du proxénète comme « maquereau » (acception 2), et donc lui aussi surnommé « poisson d'avril », il s’agirait, selon Antoine Furetière & al., d’une extension de sens. [Voir les citations ci-dessous].

Locution nominale [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
poisson d’avril poissons d’avril
\pwa.sɔ̃ d‿a.vʁil\
Poissons d’avril collés dans le dos d’un homme (3).
Petit garçon affublé d’un poisson d’avril (3).

poisson d’avril \pwa.sɔ̃ d‿a.vʁil\ masculin

  1. Plaisanterie que l’on fait le premier avril.
    • Ce jour-la on a coûtume en Lorraine, de donner ce qu’ils appellent le Poisson-d’Avril ; c’est à-dire, de faire quelques petits tours, & quelque innocente tromperie aux personnes qui ne s’en défient pas. Les François qui étoient depuis peu dans Nancy, avertis de cette coûtume, & craignant qu’on ne leur donnât le Poisson-d’Avril, se défioient de tout ce qu’on leur disoit. — (Augustin Calmet, Histoire de Lorraine, […], depuis l’entrée de Jules-César dans les Gaules, jusqu-à la Cession de la Lorraine, arrivée en 1737 inclusivement, Nancy : chez la veuve & les héritiers d’Antoine Léseure, 1757, volume 6, livre 34, page 128)
      Nota bene pour « coûtume » : accent circonflexe du XVIIIe siècle inusité aujourd'hui [voir à cette entrée].
    • Nous lisons dans les journaux politiques, qu’à Paris, une femme vient de donner le jour à un enfant couvert d’écailles si nous étions au mois d’avril , nous demandrions si cet enfant n’est pas un poisson d’avril. — (La presse médicale belge, n°10, 26 février 1854, page 84)
    • Lorsque des journalistes de presse écrite ou de télévision réalisent un poisson d’avril, ils doivent mimer au plus près l’approche journalistique du réel et utiliser tous les codes vraisemblables pour accréditer la croyance en une information fausse. — (Marc Lits, Du récit au récit médiatique, De Boeck Supérieur, 2008, page 83)
  2. (Par extension) Plaisanterie ; absurdité.
    • Hier non plus, il ne devait pas être midi pile quand j’ai pensé que ma vie était un grand poisson d’avril. Je dois me faire à l’idée de revenir au bureau demain. Pas facile. — (Alain Teulié, A part ça, les hommes vont bien…, édition Plon, 2010)
  3. Figure d’un poisson que l’on colle sur le dos de quelqu’un le premier avril.
    • À l’école déjà, vous trouviez un peu bête la tradition du poisson d’avril collé dans le dos des petits camarades. Vous êtes charitable, c’est connu. — (Bernard Lalanne & ‎Charles Haquet, Inventaire des petits plaisirs honteux... mais utiles pour supporter le quotidien en temps de crise, éd. J’ai Lu, 2014)
    • Elle laissait accroché dans son dos le poisson d’avril de l’année précédente pour ne pas nous donner la joie de la piéger une nouvelle fois. — (Christophe Léon, Nénuphar Grigrimaldit, éd. Alice Jeunesse/Primento 2014, chap. 8)
  4. (Désuet) Maquereau. — Note : il s'agit de l'expression « poisson d'avril » pour désigner le maquereau tant dans son sens de scombre que dans celui de proxénète.
    • Poisson d’Auril, i. macquereau. Parce que d’ordinaire les macquereaux se prennent & se mangent enuiron ce mois là. — (Antoine Oudin, Curiositez françoises pour supplément aux dictionnaires, Paris : chez Antoine de Sommaville, 1656, page 334)
    • On appelle poisson d’Avril, un poisson dont on fait une pêche fort abondante en cette saison, qu’on nomme autrement maquereau : & parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là poissons d’Avril. — (Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes des sciences et des arts,..., par Antoine Furetière, corrigé & augmenté par Basnage de Beauval, puis par Brutel de la Rivière, tome 1, La Haye, 1727, dans l’article « Avril »)
    • POISSON D’AVRIL. (Ichthyol.) Dans quelques endroits, les pêcheurs donnent ce nom au MAQUEREAU. Voyez ce mot et SCOMBRE. — (Dictionnaire des sciences naturelles, tome 42, Paris : chez Le Normant & Strasbourg : chez F.G. Levrault, 1826, page 145)

Traductions[modifier le wikicode]

Locution interjective [modifier le wikicode]

poisson d’avril \pwa.sɔ̃ d‿a.vʁil\

  1. Exclamation utilisée pour révéler à une personne victime d’un poisson d’avril qu’elle vient de se faire piéger.
    • L’électeur aimait passionnément à en dire, et à faire toutes les fonctions de prêtre et d’évêque. […]. Il s’avisa un jour du commencement d’avril de faire inviter tout Valenciennes à le venir voir officier et ouïr son sermon. L’église était pleine, et les tribunes garnies de sa musique et de trompettes et timbales. Il monta en chaire, fit le signe de la croix, salua les assistants; puis tout-à-coup s’écria: « Poisson d’avril ! poisson d’avril ! » et la musique de lui répondre, et lui de rire, de faire le plongeon , et de s’enfuir au bruit des trompettes et des timbales. — (Nouveaux mémoires de Dangeau, dans : Pierre-Édouard Lemontey, Essai sur l’établissement monarchique de Louis XIV, Paris : chez Deterville, 1818, page 211)
    • Ambiance un peu spéciale, ce matin, sur France Inter puisque notre invité, c’est François Fillon… Non, ce n’est pas un poisson d’avril, il sera là, dans quelques minutes, en chair et en os. Lui, en revanche, adore faire des poissons d’avril : « Il n’y aura pas de période de récession. » Poisson d’avril ! — (Stéphane Guillon, François Fillon : 1er avril 2008, dans On m’a demandé de vous calmer, édition Stock, 2009)
    • — Qu’est-ce qui se passe ? demanda Milli avec colère. Pourquoi vous nous trompez ?
      Poisson d’avril ! cria le lutin en sautant en l’air comme s’il avait une fusée dans le pantalon. Je vous ai eus ! Je vous ai eus !
      — (Alexandra Adornetto, Le cirque infernal, traduit de l’anglais par Pierre Baril, City Edition, 2011)
    • Ce matin, j’ai eu l’idée de cueillir ma petite sœur au réveil par un “Tu sais pas quoi ? Trump est mort du corona !” ou par un “Tu le croiras jamais : le confinement est levé !”, à quoi j’aurais ajouté un tonitruant : “Poisson d’avriiiil !” — (Samuel Lacroix, « Carnet de la drôle de guerre », dans la newsletter du 1er/04/2020 de Philosophie Magazine.)

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]