tutoyer

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Formé à l’aide du pronom tu, du suffixe -oyer et d’un t intercalaire.

Verbe [modifier le wikicode]

tutoyer \ty.twa.je\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. User des mots de tu et de toi en parlant à quelqu’un.
    • (en réponse à un interlocuteur qui dit "vous") Tu peux me tutoyer.
    • C’était l’époque des vacances. L’arrivée des enfants la consola. Mais Paul devenait capricieux, et Virginie n’avait plus l’âge d’être tutoyée, ce qui mettait une gêne, une barrière entre elles. — (Gustave Flaubert, Trois Contes : Un cœur simple, 1877)
    • Rougon mourut presque subitement, quinze mois après son mariage, d’un coup de soleil qu’il reçut, une après-midi, en sarclant un plant de carottes. Une année s’était à peine écoulée que la jeune veuve donna lieu à un scandale inouï ; on sut d’une façon certaine qu’elle avait un amant ; elle ne paraissait pas s’en cacher ; plusieurs personnes affirmaient l’avoir entendue tutoyer publiquement le successeur du pauvre Rougon. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre II ; réédition 1879, page 49)
    • Il [M. Dupanloup] nous donnait à cet égard des règles excellentes, que j’avais du reste toujours pratiquées, comme de ne jamais tutoyer sa mère et de ne jamais finir une lettre à elle adressée sans y mettre le mot respect. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 105)
    • Je demanderai huit jours au chef de bureau pour aller dans mon pays. Maman dira : Voilà mon Parisien. Les vieilles femmes diront : A présent nous n’osons plus te tutoyer. — (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 166)
    • Et, à partir de ce jour, nous nous tutoyâmes et nous devînmes les meilleurs amis du monde. — (Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt, Paris : Librairie Charpentier et Fasquelle, 1907, chapitre 13)
    • Ils se tutoyaient. Ballanec, d’ailleurs, tutoyait tout le monde, comme les Flamands, qui ne possèdent pas de mot pour dire vous. — (Georges Simenon, Les Demoiselles de Concarneau, Gallimard, 1936, réédition Folio, page 86)
    • Jeannin est le seul camarade de guerre, avec de W., que j’aie tutoyé ; […]. C’était un essai d’égalité ; je pensais bien qu’ils me tutoieraient aussi, mais ils ne le firent jamais, et cela termina mes tentatives d’avoir vingt ans comme eux. — (Alain (philosophe), Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 78)
    • « Tu t’es perdue ? »
      Elle fit un pas en arrière, en me regardant à travers ses fleurs.
      «  Oui, dit-elle, je me suis perdue, mais ce n’est pas une raison pour me tutoyer. Je ne suis pas une paysanne. »
      — (Marcel Pagnol, Le temps des secrets, 1960, collection Le Livre de Poche, page 88)
    • — … ça peut sembler idiot, mais c’est fou comme, tout à coup, je vous sens proche de moi, Charles.
      — Ça peut sembler fou, Judith, mais, croyez-moi, c’est réciproque.
      — C’est fou, ça alors ! On pourrait peut-être se tutoyer, tu trouves pas ?
      — (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l’Olivier / Le Seuil, 2000, pages 302-303)
  2. (Sens figuré) Approcher au plus près, frôler.
    • […] Cinq ans plus tard, le nombre d’entreprises a plus que doublé pour dépasser 66 000 et une réduction d’impôt tutoyant le milliard d’euros… — (Mathieu Castagnet, « Le mécénat, une manne croissante au service des associations », La Croix, 29 janvier 2018, page 14)
    • Dehors, le thermomètre tutoie les 35 degrés. — (Béatrice Jérôme, Face à la canicule, une veille très inégale des villes auprès des personnes âgées, Le Monde. Mis en ligne le 29 juin 2019)
    • Durant les derniers jours de notre progression, nos campements tutoient la beauté céleste des monts Jampelyang et Chenrezig. — (Constantin de Slizewicz, “Chine : une caravane vers le Shangri-La”, Le Figaro Magazine, n° 23625 et 23626, 31 juillet et 1er août 2020, page 47)
  3. (Sens figuré) (Familier) Être très familier avec ; côtoyer ; frôler quelque chose.
  4. (Belgique) Se faire tutoyer : être copieusement engueulé, se faire passer un savon (à mettre en rapport avec le fait que l’on ne tutoie pas en dialectes wallons car c’est considéré comme excessivement familier voire grossier).
    • Je me suis fait tutoyer par le patron.

Synonymes[modifier le wikicode]

Antonymes[modifier le wikicode]

Variantes orthographiques[modifier le wikicode]

Dérivés[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]