Kanak

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
Voir aussi : kanak

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

(1869)[1] Provient de l'hawaïen kanaka (« être humain »), littéralement « animal-homme »[1] dans son sens animiste
 Référence souhaitée
.
Dans les années 1840, le terme « kanaka » est intégré aux différents bichelamar et pidgin des navigateurs anglais du XIXe siècle qui le généralisent à l’ensemble du Pacifique pour désigner les populations autochtones mélanésiennes où il prend un sens familier parfois péjoratif synonyme de native (« naturel »). La définition du mot se restreint progressivement à la population autochtone de la Nouvelle-Calédonie entre 1840 et 1872, sans que les historiens ne puissent être plus précis. En 1869, l’ethnologue français Ulysse de la Hautière l'utilise sous la forme « Kanack » alors que la même année l'ingénieur français Jules Garnier utilise la forme « kanak » dans son Voyage à la Nouvelle-Calédonie. La francisation en « canaque » apparaît dans les années 1870 et se généralise dans les années 1880 alors que la graphie « kanak » se marginalise en se restreignant à l'usage des seuls pasteurs anglo-saxons. Le mot est à cette époque considéré comme particulièrement condescendant voire péjoratif, certains lui préférant les vocables plus neutres « néo-calédonien » ou « calédonien »[1].
Durant l'entre-deux guerres, le terme « canaque » remplace celui d'« indigène » dans le vocabulaire de l'administration française pour désigner les autochtones en parallèle à celui de « calédonien » exclusivement réservé aux colons. Après la Seconde Guerre mondiale, c'est le terme « mélanésien » qui est préférentiellement utilisé avec l'idée sous-jacente de supprimer le vocabulaire lié à la colonisation. Durant les années 1970, le terme « canaque » est revendiqué sous sa forme « kanak » par des groupes politiques indépendantistes qui l'utilisent comme une bannière identitaire anticoloniale. Durant les événements des années 1980, ils créent le terme dérivé « Kanaky » pour désigner la Nouvelle-Calédonie souveraine pour laquelle ils militent. En s'opposant à la graphie latine en « C », la lettre « K » est symboliquement chargées des volontés indépendantistes[1]. En 1998, l'accord de Nouméa officialise l'usage du terme et de la graphie « kanak » dans une forme spécifique, à savoir sans majuscule et invariable en nombre et en genre[2].

Nom propre [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
Kanak Kanaks
\ka.nak\
Invariable
Kanak
\ka.nak\
Paul Wamo, Kanak et poète.

Kanak \ka.nak\ masculin (pour une femme, on dit : Kanake)

  1. (Géographie) Habitant autochtone de la Nouvelle-Calédonie.
    • L'Agence de Développement de la Culture Canaque créée en 1988 en fit les frais : certains lui reprochant la graphie retenue par l’État, d' autres ne voulant surtout pas que cet établissement public d’État n' en change. Ses responsables, après moult concertations, pensèrent avoir trouvé la solution en obtenant de l’Élysée la modification dans son intitulé officiel et la transformation de la mention « Canaque » par « Kanak » ; le terme kanak devient alors invariable. Cette graphie, contraire aux usages de la langue française, ne fait point l’unanimité et toutes les variantes demeurent, y compris « kanake » et « kanaks ». — (Frédéric Angleviel, De Kanaka à Kanak : l'appropriation d'un terme générique au profit de la revendication identitaire, dans La Revue Hermès, 2002/1 (n° 32-33), pages 191 à 196 Éditions CNRS)
    • Or, comme l’explique l’anthropologue spécialiste des mondes kanaks Alban Bensa, « la parole, tenue ou non tenue, a été un leitmotiv de la lutte des Kanaks », qui avaient d’ailleurs demandé que les accords de Matignon de 1988 ne constituent pas seulement un texte officiel et diplomatique, mais soient approuvés par un référendum (lors duquel le oui l’avait emporté, mais avec une faible participation) afin de créer, ainsi, un dialogue entre le peuple français et eux. — (Kanak : la parole est d’art, Médiapart du 15 novembre 2013)

Notes[modifier le wikicode]

  • Ce mot est un gentilé. Un gentilé désigne les habitants d’un lieu, les personnes qui en sont originaires ou qui le représentent (par exemple, les membres d’une équipe sportive).
  • Le terme est parfois aussi traité comme épicène : une Kanak au lieu d’une Kanake[3].
  • En Nouvelle-Calédonie, le terme est aussi traité comme invariable en genre et en nombre : une Kanak au lieu d’une Kanake, des Kanak au lieu des Kanaks[1]. Dans la revue Mots (1997), l’universitaire Mireille Darot précise : « C’est au cours des “événements”, le 9 janvier 1985, que le gouvernement de Kanaky imposa une nouvelle graphie, “kanak, invariable en genre et en nombre, quelle que soit la nature du mot, substantif, adjectif, adverbe”, en remplacement de celle de canaque attestée depuis plus d’un siècle. Par ce changement de signifiant graphique, les indépendantistes transcrivirent le changement radical de signifié, qu’ils opéraient en transformant le terme utilisé pour désigner les indigènes de Nouvelle-Calédonie, » car comme elle l’ajoute, « canaque avait acquis une connotation aussi insultante dans le français calédonien que celle de bougnoule dans le français hexagonal. »

Variantes orthographiques[modifier le wikicode]

Dérivés[modifier le wikicode]

Hyperonymes[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Homophones[modifier le wikicode]

Anagrammes[modifier le wikicode]

Modifier la liste d’anagrammes

Voir aussi[modifier le wikicode]

  • Kanak sur l’encyclopédie Wikipédia

Références[modifier le wikicode]

  1. a b c d et e Frédéric Angleviel, De Kanaka à Kanak : l'appropriation d'un terme générique au profit de la revendication identitaire, dans La Revue Hermès, 2002/1 (n° 32-33), pages 191 à 196 Éditions CNRS
  2. Accord sur la Nouvelle-Calédonie signé à Nouméa le 5 mai 1998, NOR : PRMX9801273X, JORF n°121 du 27 mai 1998
  3. Kanak sur larousse.fr