Translations:Wiktionnaire:Actualités/065-août-2020/46/fr

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Intéressons nous à la classification qui porte sur ce qui, à mes yeux, est le plus intéressant : la sémantique de la relation. Cette classification admet quatre classes qui semblent consensuelles dans les différents articles lus. Pour cette chronique, je me suis également référé aux travaux « Antonymy » d’Adrienne et Keith Lehrer[1], ainsi qu’à « Opposite relationships in terminology » d’Anne-Marie Gagné et Marie-Claude L’Homme[2]. Les quatre classes sont les antonymes complémentaires, scalaires (ou gradables), réversifs et conversifs.

  • Antonymes complémentaires : c’est l’antonymie la plus commune. Elle intervient dans le cadre d’une binarité, telle que « mort »/« vivant » ou « ouvert »/« fermé ». Ici la négation de l’un nous donne l’autre. Ce type d’antonymie est généralement sur les adjectifs, de par leur capacité à dénoter des états.
  • Antonymes scalaires : deuxième antonymie la plus commune, c’est celle qui intervient lorsque les antonymes sont sur une échelle et sont admis comme les deux représentants principaux de cette échelle, comme « grand »/« petit » ou « chaud »/« froid ». Toutefois, chacune de ces deux échelles admet un terme entre les deux donnés : « de taille moyenne » et « tiède ». Et j’ai envie de dire, dans ce cas, quels sont les antonymes de « de taille moyenne » et de « tiède » ? Mon intuition me dit qu’il s’agit de « ni grand ni petit » et de « ni chaud ni froid ». Maintenant qu’on a trois valeurs sur notre échelle, ça devient n’importe quoi. Et si je vous demandais l’antonyme du mot situé entre « chaud » et « tiède » ? Ahah ! Bon d’accord, je me calme.
  • Antonymes réversifs : première antonymie à vous faire dire « Euuuuh… », plutôt que « Ah ! Mais c’est bien sûr ! », elle est pourtant très utile. Pouvant également être désignée par antonymie directionnelle ou duale, elle s’intéresse à des mots ayant une direction opposée. Direction est ici à prendre dans un sens très très large. Il s’agit de l’idée d’inverser l’action (voilà pourquoi réversif). Quelques exemples pour mieux comprendre : « arrivée »/« départ », « nouer »/« dénouer » ou encore « haut »/« bas ».
  • Antonymes conversifs : la dernière de nos quatre classes, c’est celle qui consiste dans l’inversion des positions dans la phrase. Par exemple, pour obtenir l’antonyme d’enseignante dans la phrase « Alice est l’enseignante de Bob », il faut inverser les positions d’Alice et Bob (et interdiction d’utiliser la voix passive ou d’autres astuces) : « Bob est le X d’Alice ». Que mettre à la place de X ? Pourquoi pas « étudiant » ? Voilà de quoi faire baisser votre sourcil levé depuis le début de cette chronique (faites gaffe aux crampes, et pensez à boire). Quelques autres exemples en vrac : « précéder »/« suivre », « proie »/« prédateur », « acheter »/« vendre ». Un des exemples donnés, fonctionnant dans un couple hétérosexuel, est « époux »/« épouse ». Mais du coup, dans le cadre d’un couple homosexuel, peut-on considérer, selon la définition donnée plus haut, que « épouse » est l’antonyme de « épouse » et que « époux » est l’antonyme de « époux » ? J’ai envie de dire, épouneuse question. Re-ahah ! Bon, d’accord, je me calme pour de vrai.
  1. Adrienne Lehrer et Keith Lehrer, Antonymy, 1982
  2. Anne-Marie Gagné et Marie-Claude L’Homme, Opposite relationships in terminology, 2016