négrophilie

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

(XIXe siècle) Dérivé de négro, avec le suffixe -philie.

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
négrophilie négrophilies
\ne.ɡʁɔ.fi.li\

négrophilie \ne.ɡʁɔ.fi.li\ féminin

  1. Fait d’aimer particulièrement les Noirs, ou de vouloir les défendre.
    • Ici, le peuple pend sans forme de procès ; là, sous prétexte du délit de négrophilie, il emplume ; ailleurs, il stipule des traités entre un État et un autre État, sans la sanction du gouvernement central. — (Madame la Comtesse Merlin, « Lettre au Marquis de Custine, de Philadelphie, le 18 mai 1840 », dans La Havane, tome 1, Paris : Librairie d'Amyot, 1844, page 204)
    • La négrophilie est une belle chose, la tempérance est, pour un Anglais, une vertu presque sublime, mais la charité, la charité vraie, qui ne s'émeut pas seulement aux problématiques souffrances des Hottentots et des Malgaches, la charité n'aura-t-elle point, elle aussi, un apôtre ? — (Sir Francis Trolopp, Les Mystères de Londres, tome 19 de la collection Les mille et un romans, nouvelles et feuilletons, Paris : chez Boulé éditeur, 1847, page 539)
    • M. Schœlcher voudrait que le gouvernement français fît abolir une loi portée par les États-Unis d'Amérique, et il s'en prend au ministère de ce que cette loi existe. La négrophilie ne devrait pas aller jusqu'à cet excès; les autres puissances, et l'Angleterre elle-même, ont dû se résigner à laisser aux législateurs de Washington leur indépendance. — (Charles de Riancey, « Séances de l'Assemblée », dans L'Ami de la religion : journal et revue ecclésiastique, politique & littéraire, n° 5143 du samedi 30 novembre 1850, en recueil dans le tome 150, Paris : Imprimerie Bailly, Divay & cie, 1851, p. 518)
    • Juste au moment du 18 brumaire, Burnel se faisait renvoyer de Guyane par les colons, sous l'accusation de négrophilie : en réalité, à un moment où la colonie étant menacée par les Anglais, il envisageait d’armer les Noirs. — (Yves Bénot & ‎Marcel Dorigny, Rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises - 1802, Éditions Maisonneuve et Larose, 2003, page 60)
  2. Fait de montrer un intérêt particulier pour la communauté noire s’apparentant à du fétichisme, basé sur des réflexes coloniaux d’exotisation et d'hypersexualisation.
    • Il y a présentement le risque d'une mythologie du nègre en soi qui n'est qu'une évasion du blanc devant ses propres problèmes. Il existe le danger d'une négrophilie philistine, d'une négrophilie sans obligation ni sanction ; il y a présentement le risque d'une certaine façon d'aller au nègre un peu comme l’intelligentsia russe allait au peuple vers 1880, une sorte d'exaltation intellectualiste des valeurs nègres comme un racisme à rebours. — (Georges Mounin, Émile Dermemghem et Magdeleine Paz, « Premières réponses à l'enquête sur le « Mythe du Nègre » », dans Présence Africaine 1948/1 (n° 2), page 197)
    • J'appelle Fanon à mon secours: « Celui qui adore les Nègres est aussi malade que celui qui les exècre ». La négrophilie de Daniel L. et des blackisants accessoires, n'est-elle qu'un succédané des clichés galvaudés en Europe sur les Noirs ? Faut-il voir dans cette attitude fréquente chez les blackisants un avatar de l'exotisme qui a fait vibrer l'Europe aux premières lueurs du 20e siècle ? — (« Yves Saint-Laurent et un de ses mannequins vedettes noirs », dans Africa, n° 179 à 189, 1986, page 27)
    • Après la Première Guerre mondiale, la négrophobie fait place à la négrophilie, dont se pare l’avant-garde parisienne pour contester la société bourgeoise. [...] Cependant, la négrophilie est, bien plus qu’une compréhension de l’autre, une instrumentalisation exotique de la culture noire. — (François Durpaire, France blanche, colère noire, Odile Jacob, 2006, page 118)

Antonymes[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]