Discussion:croupiat

Appareillage d’urgence en faisant croupiat

Note à l’attention du modérateur/vérificateur de Wikipedia

    J’avais cherché - il y a près de dix ans - a poster un article sur Wikipedia, mais sans succès. J’ai recommencé en version abrégée il y a quelques mois, et je vous remercie d’avoir accepté ma seconde contribution. 
    Dans la première contribution - qui sans doute a été perdue - je donnais un exemple très savoureux d’appareillage d’urgence en faisant croupiat ; le mot n’est pas mentionné dans le texte décrivant cet appareillage, mais à l’évidence c’est bien de cela qu’il s’agit ! Il s’agit d’un passage des “Mémoires d’un Galérien du Roi-Soleil”, du Huguenot Jean Marteilhe, 1ère édition en 1757, réedité maintes fois et notamment au Mercure de France en 1989 - édition que nous prenons comme référence. 
    Nous sommes en 1707, pendant la guerre de Succession d’Espagne ; la galère “La Palme”, commandée par le chevalier de Langeron - futur héros par son dévouement lors de la Grande peste de Marseille - et sur laquelle Marteilhe est à la rame, est au mouillage près de la côte pour passer la nuit dans une baie ouverte au sud de Dunkerque. Au matin, le vent a radicalement tourné et forci en tempête ; il porte à la perpendiculaire de la côte et menace d’y drosser la galère qui se trouve mouillée trop près pour pouvoir appareiller sans culer et talonner. 
    Personne ne sait que faire, sinon doubler, tripler, quadrupler les ancres de proue qui menacent de rompre... Finalement, on prend conseil du pilote local de la galère, un Dunquerquois nommé Pieter Bart - le propre frère de Jean Bart, un ivrogne mais un fameux marin. Pieter obtient de Langeron toute latitude pour commander la manœuvre. Il fait porter par une chaloupe armée de volontaires (la mer est déjà grosse) une aussière frappée sur une ancre que l’on va mouiller sur le travers avant de la galère, l’autre extrémité de l’aussière étant frappée un peu en arrière du maître-bau. Pieter fait ferler les voiles sur les antennes avec du jonc, pour qu’elles déferlent trés facilement. Au signal, le charpentier coupe à la hache les quatre aussières des mouillages de l’avant : la galère cule et - retenue par le croupiat - vient travers à la plage. À ce moment, Pieter fait déferler les antennes : la galère prend de l’erre, en décrivant parallèlement à la plage un arc de cercle autour du croupiat. Lorsque l’erre est suffisante, Pieter fait couoer à la hache l’aussière du croupiat, et la galère peut ainsi apoareiller sans dommages. 
    Une manœuvre magnifique ! Marteilhe la décrit trop succinctement et avec quelques inexactitudes, car il n’est pas marin ; mais il est facile de la reconstituer par la pensée, et la réflexion montre que cette manœuvre n’a pu se dérouler autrement. 

Décidément, on savait naviguer dans la famille Bart ! Je ne sais si cela est à ajouter à l’article « croupiat » ; mais l’on peut en tout cas citer la référence : p. 116 à 120 dans l’édition Mercure de France. Bien cordialement à vous Ch. Fournier Christian Fournier (discussion) 13 octobre 2017 à 15:00 (UTC)