Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d’été si doux : Au détour d’un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux…— (Charles Baudelaire, Une Charogne, dans Les Fleurs du Mal)
Un cheval mort est un cadavre ; tout autre animal dont la vie s’est envolée n’est qu’une charogne.— (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
L’autre jour, en me promenant le long du ruisseau qui coule à l’Est du camp, je l’ai trouvé littéralement bloqué de charognes en putréfaction; […]— (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 97)
Au loin, il y avait de ces champignons qui érigent un gland glueux de pus verdâtre ou qui s’affaissent, flasques, comme des éponges pourries aux puanteurs de charognes.— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
— « Charognes ! » disait-il entre ses dents, plein de mépris pour les galons improvisés de ces fils de bourgeois qui n’avaient jamais servi et qu’une organisation tout arbitraire avait faits ses chefs.— (Léon Bloy, Les vingt-quatre oreilles de « Gueule-de-bois » dans Sueur de sang, 1893)
Crève, charogne ! insulte-t-il et retrouvant son père dans la passion aveugle, il balance son 44 dans le bide de son ennemi.— (Jean Vautrin, Typhon-gazoline, FeniXX, 1991)
Le chien s’appelait Noiraud parce qu’il était noir. Ses deux prédécesseurs s’étaient appelés Bismarck, en souvenir de la guerre. Le premier du nom en avait souffert, au moins dans les premiers temps, car on le chargeait volontiers des pires méfaits pour la satisfaction d’invectiver contre « cette charogne de Bismarck ».— (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 61)
– Noiraud ! mon beau chien ! […] – Allez coucher, charogne ! C’est qu’il vous dévorerait bien les habits.— (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 112)
À vingt heures, le Bressan vint relever Busard. Il donna une forte tape sur le cylindre. « Charogne », dit-il à la machine. Il frappa une seconde fois, une tape à assommer un bœuf. Mais la fonte est plus solide et ne vibra pas. « Charogne, répéta-t-il. Demain, à cette heure-ci, ce sera mon dernier poste. » Busard fut surpris par le geste du paysan. Il n’avait pas encore pensé à haïr la presse.— (Roger Vailland, 325.000 francs, 1954, réédition Le Livre de Poche, page 221)