grotesque

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

(Date à préciser) De l’italien grottesca (« décoration murale très riche et fantaisiste ») apparu vers le milieu du XVe siècle, signifiant proprement « fresque de grotte », dérivé de grotta (« grotte ») parce qu’elle s’inspirait des décorations de la Domus Aurea de Néron qui fut découverte par des fouilles archéologiques à l’époque de la Renaissance italienne.
(1532) crotesque « ornement capricieux » sous la plume de Florimond Robertet avec l’influence de crotte ou croûte, (1540-50) grotesque (« figure caricaturale ou fantastique »).

Adjectif [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
grotesque grotesques
\ɡʁɔ.tɛsk\
Ornements grotesques (1).

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin et féminin identiques

  1. (Art) Très orné, voire ampoulé, à la manière des fresques romaines découvertes à la Renaissance.
    • Dans la grande salle qui précède, il y a des boiseries grotesques représentant des métiers, des masques, des dominos, tout un carnaval en bois. — (Jules Michelet, Journal, 1838, page 269)
  2. (Par analogie) Bizarre ; extravagant ; invraisemblable.
    • Armé d’un chalumeau, le gnome absorbait à même le ruisseau la boisson répandue. C’était grotesque, révoltant. — (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 56)
  3. (Par hyperbole) Bouffon, excentrique, burlesque, caricatural, cocasse ou risible.
    • Modeste avait surnommé ce grotesque premier clerc le nain mystérieux. — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Il a noté avec une ironie sans amertume les gestes gauches de l’ouvrier endimanché, les silhouettes grotesques des petits bourgeois, en réalisant une galerie d’un intérêt sociologique très réel. — (Camille Mauclair, L’Impressionnisme, son histoire, son esthétique, ses maîtres, Libraire de l’Art Ancien et Moderne, 1904, page 169)
    • Appuyé à la cheminée, il s’exprime d’un ton grave, tire un papier de sa poche, le consulte. Thérèse n’a plus peur ; elle a envie de rire ; il est grotesque ; c’est un grotesque. — (François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, Grasset, 1927)
    • Le nain Ilioucha était parmi eux, hilare, effréné, grotesque, se livrant à un kozatchok endiablé. — (Louis Dumur, Les loups rouges, 1932, page 22)
  4. Outrancier et de mauvais goût.
    • Si vous voulez voir le vrai Karel du Jardin, regardez ces Charlatans italiens, ce Polichinelle, qui passe la tête à travers les toiles de la baraque, et ce Scaramouche faisant la parade et se démanchant [sic : déhanchant] en poses grotesques sur des tréteaux que supportent des barriques, pendant qu’Arlequin au bas de l’estrade chatouille le ventre d’une guitare pour la faire rire. — (Théophile Gautier, Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1872, page 153)

Dérivés[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Nom commun 1 [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
grotesque grotesques
\ɡʁɔ.tɛsk\

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin et féminin identiques

  1. (Vieilli) Celui, celle qui prête à rire dans ses manières de parler et d’agir.
    • Quand on lui demandait son avis, il répétait poliment l’opinion de la majorité. Rien ne parvint à lasser sa patience, ni les rêves creux du marquis qui parlait des Bourbons comme au lendemain de 1815, ni les effusions bourgeoises de Roudier, qui s’attendrissait en comptant le nombre de paires de chaussettes qu’il avait fournies jadis au roi citoyen. Au contraire, il paraissait fort à l’aise au milieu de cette tour de Babel. Parfois, quand tous ces grotesques tapaient à bras raccourcis sur la République, on voyait ses yeux rire sans que ses lèvres perdissent leur moue d’homme grave. — (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, chapitre III ; réédition 1879, pages 96-97)
    • […] la pauvre désolée ne trouvait plus rien qui l’égayât. En vain avait-on mandé des quatre coins du monde les plus fameux baladins, bateleurs, bouffons, turlupins, pîtres, grimaciers, grotesques et farceurs. — (Charles Deulin, « Les Trente-Six Rencontres de Jean du Gogué », in Cambrinus et autres Contes, XIXe siècle (1874?))
  2. (Théâtre) (Vieilli) Bouffon, clown qui fait des pas bizarres, des gestes outrés pour égayer les entractes de certaines pièces.
    • Semblable à l’un des grotesques du ballet de Gustave, il est marquis par derrière et vilain par devant. — (Honoré de Balzac, La Maison Nucingen, 1838, p. 593)

Traductions[modifier le wikicode]

→ voir clown et bouffon

Nom commun 2[modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
grotesque grotesques
\ɡʁɔ.tɛsk\
Une grotesque de Jacques Callot. (sens 2)
Une grotesque. (sens 2)

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin ou féminin (l’usage hésite)

  1. (Ornement) (Vieilli) Arabesque imitée de celles qu’on avait trouvées dans les édifices anciens.
    • L’Italie elle-même développa un élément décoratif entièrement nouveau : autour de 1480, les fouilles partielles de la Domus Aurea de Néron révélèrent pour la première fois la peinture murale antique et la décoration en stuc. Et comme on les découvrit sous les ruines, pour ainsi dire dans des grottes, on appela « grotesques » ces décorations.
  2. (Par extension) (Beaux-arts) Figures bizarres et chargées dans lesquelles la nature est contrefaite.
    • Peintre de grotesque.
    • Tout porte à croire que le décor à grotesques fut employé chez Olery concurremment avec celui des faïences plus élégantes […] — (Charles Davillier, Histoire des faïences et porcelaines de Moustiers, Marseille et autres fabriques méridionales, 1863)
    • Les murailles, peintes à fresque, représentent différentes belles actions de la vie de saint Jean de Dieu, encadrées dans des grotesques et des fantaisies d’ornement qui dépassent ce que les monstres du Japon et les magots de la Chine ont de plus extravagant et de plus curieusement difforme. — (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • À tous les angles, des paravents de papier colorié, où l’on voyait des masques, des grotesques et des bergeries, l’âme légère de Florence, de Bologne et de Venise, au temps des grands-ducs et des derniers doges. — (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 206)
  3. Ce qui a une apparence ridicule et bizarre.
    • Le cabo­tinage était poussé par Murat jusqu’au grotesque, et les historiens n’ont pas assez remarqué quelle responsabilité incombe à Napoléon dans cette dégénérescence du véritable esprit guerrier. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La Morale des producteurs, 1908, page 359)

Traductions[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]