professeuse
Français[modifier le wikicode]
Étymologie[modifier le wikicode]
(1764) Dérivé de professeur, avec le suffixe -euse.
Attestations historiques[modifier le wikicode]
- (XVIIIe siècle)
Ce qui m’étonnerait le plus dans l’histoire des mœurs des anciens Romains, ce serait la conspiration des femmes romaines pour faire périr par le poison, non pas leurs maris, mais en général les principaux citoyens. […] Tite-Live ne dit pas assurément qu’elles réduisirent cet art en préceptes. Cela signifierait qu’elles tinrent école de poisons, qu’elles professèrent cette science, ce qui est ridicule. Il ne parle point de cent soixante et dix professeuses en sublimé corrosif ou en vert-de-gris.
— (Voltaire, Œuvres complètes de Voltaire, volume 18 : Dictionnaire philosophique, tome II, Garnier, collection « Œuvres complètes », Paris, 1878 (1re édition 1764), page 532)
Nom commun [modifier le wikicode]
Singulier | Pluriel |
---|---|
professeuse | professeuses |
\pʁɔ.fɛ.søz\ ou \pʁɔ.fe.søz\ |
professeuse \pʁɔ.fɛ.søz\ ou \pʁɔ.fe.søz\ féminin (pour un homme, on dit : professeur)
- (Métier) (Éducation) (Rare) Enseignante, femme qui professe, qui enseigne une science ou un art.
Qu’il se hâte donc de donner à l’enseignement secondaire des filles une base large et solide, qu’il crée le plutôt possible une école normale supérieure de professeuses ! Pour vaincre l’ennemi qui fait obstacle à tout progrès, il n’y a qu’un moyen, un seul : instruire des femmes pour qu’elles instruisent les jeunes filles et former des libres penseuses.
— (Louis Jourdan, « Un ministre sur la sellette », dans Le Siècle, 20 novembre 1867 [texte intégral])Ne serait-il pas juste que, lorsqu’une femme savante aurait obtenu par son mérite la qualité de professeuse, de docteuse, de théseuse, etc., on donnât aussi le même titre à son mari, fût-il le plus grand benêt du monde ? On donne bien du « Madame la Maréchale », « Madame la Présidente », « Madame la sous-préfète » à des épouses de dignitaires, mères au foyer.
— (Schweizerisches Gutenbergmuseum : Musée Gutenberg suisse, Berne, 1932, page 131)Moi, quand je serai grande, je serai professeuse.
— (Anne Sylvestre, Projets d’avenir, Gémeaux croisées, 1988)C’est comme je te le dis, Gervaise, tu vas me voir professeuse dès que je tiendrai sur mes cannes.
— (Daniel Pennac, Monsieur Malaussène, Feryane, 1996, page 205)20 Minutes a voulu en savoir un peu plus sur nos moyens de défense face à cette bactérie, non dangereuse pour l’homme, auprès de la botaniste et professeuse de botanique et de parasitologie à l’école Du Breuil, Anne Breuil.
— (Rachel Garrat-Valcarcel, « « Aujourd’hui, il n’y a pas de moyen de lutte contre “la bactérie tueuse d’oliviers” », estime une botaniste », dans 20 minutes, 7 septembre 2019 [texte intégral])
- (Désuet) Épouse d’un professeur.
Ma cousine la professeuse, persuadée que dans les jeux d’esprit son fils brillait toujours par-dessus tout le monde, a voulu qu’on remplît des bouts rimés, qu’on fît des discours sur huit mots, que chacun écrivît une question sur une carte.
— (Isabelle de Charrière, Caliste ou Lettres écrites de Lausanne, Jules Labitte, Paris, 1845 (1re édition 1786), page 86)Sur le cou de madame la professeuse scintillait une superbe croix de diamants.
— (Honoré de Balzac, Physiologie du mariage ou Méditations de philosophie éclectique sur le bonheur et le malheur conjugal, A. Houssiaux, collection « Œuvres complètes », Paris, 1874 (1re édition 1829), page 441)Ce bal si magnifique sera tout-à-fait peuple. On y verra figurer au premier rang Mme la Notaire, Mme l’Avocate, Mme l’Épicière, Mme la Professeuse.
— (Émile de Lacombe, Une apostasie, L. Mame, Paris, 1835, page 145)
Notes[modifier le wikicode]
Terme longtemps proscrit par des grammairiens comme Louis-Nicolas Bescherelle[1], professeuse est le féminin de professeur recommandé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes[2].
Pour certains[3], la féminisation obéirait à une règle gnomique qui voudrait qu’un nom en -eur ne puisse recevoir une forme féminine (en -euse, en -rice ou en -eure) que si le radical du nom masculin forme un verbe existant, et si ce verbe n’est pas non plus sémantiquement distinct du nom (procurer, censer, professer). Donc selon cette règle on peut dire par exemple cureuse, encenseuse, penseuse, recenseuse, confesseuse, fesseuse, mais pas procureuse, censeuse, professeuse.
La féminisation des noms de métiers et de fonctions a été un sujet débattu dans la francophonie :
- au Québec, l’Office québécois de la langue française fournit depuis 1979 une banque de dépannage linguistique pour la rédaction féminisée et épicène ;
- en Suisse romande, la Conférence romande des bureaux de l’égalité consigne ses recommandations dans Écrire les genres, guide romand d’aide à la rédaction administrative et législative épicène, Genève, 2001 ;
- en Belgique, le ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles édite le guide Mettre au féminin – Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, 2014, 3e édition (1re édition 1994) ;
- en France, le gouvernement considère que la féminisation des noms de métiers doit être encouragée dans les administrations et établissements publics depuis la circulaire du 6 mars 1998 relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. De son côté, si l’Académie française a condamné en 2002 la plupart de ces féminisations et ne recommandait pas leur utilisation, elle adopte en 2019 le rapport La féminisation des noms de métiers et de fonctions énonçant qu’il n’existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms de métiers et de professions. Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes édite un Guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe, 2022.
- Grevisse consacre un chapitre à la féminisation dans Maurice Grevisse, Cédrick Fairon, Anne-Catherine Simon, Le Petit Bon usage de la langue française, De Boeck Supérieur, 2018, page 513.
Dérivés[modifier le wikicode]
Synonymes[modifier le wikicode]
Quasi-synonymes[modifier le wikicode]
Vocabulaire apparenté par le sens[modifier le wikicode]
- professeuse figure dans les recueils de vocabulaire en français ayant pour thème : élève, université, voix.
Traductions[modifier le wikicode]
- Allemand : Professorin (de) féminin, Lehrerin (de) féminin, Hochschullehrerin (de) féminin, Lehrende (de)
- Anglais : teacher (en), professor (en), professoress (en) féminin
- Arabe : بروفيسورة (ar) brufisura féminin
- Bas allemand : Professorin (nds) féminin
- Bengali : অধ্যাপিকা (bn) adhyāpikā
- Catalan : professora (ca) féminin, catedràtica (ca) féminin
- Danois : professorinde (da) commun
- Espagnol : profesora (es) féminin, catedrática (es) féminin
- Grec : καθηγήτρια (el) kathigítria féminin
- Hongrois : professzornő (hu)
- Ido : profesorino (io)
- Italien : professoressa (it) féminin, professora (it) féminin
- Latin : profestrix (la) féminin
- Letton : profesore (lv) féminin
- Luxembourgeois : Professesch (lb) féminin
- Occitan : professora (oc)
- Polonais : profesorka (pl) féminin
- Portugais : professora (pt) féminin
- Roumain : profesoară (ro) féminin
- Serbo-croate : profesorica (sh)
- Slovène : profesorica (sl) féminin
- Suédois : lärarinna (sv) féminin
- Tchèque : profesorka (cs) féminin
- Hongrois : professzorné (hu)
- Polonais : profesorowa (pl) féminin
Prononciation[modifier le wikicode]
- La prononciation \pʁɔ.fɛ.søz\ rime avec les mots qui finissent en \øz\.
- Cesseras (France) : écouter « professeuse [Prononciation ?] »
- Lyon (France) : écouter « professeuse [pʁɔ.fe.søz] »
- Paris (France) : écouter « professeuse [pʁɔ.fe.søz] »
- Strasbourg (France) : écouter « professeuse [pʁɔ.fe.søz] »
- Somain (France) : écouter « professeuse [Prononciation ?] »
Paronymes[modifier le wikicode]
Références[modifier le wikicode]
Sources[modifier le wikicode]
- ↑
Ainsi, quoiqu’il y ait un grand nombre de femmes qui professent, qui gravent, qui composent, qui traduisent, etc., on ne dit pas : professeuse, graveuse, compositrice, traductrice, etc., mais bien professeur, graveur, compositeur, traducteur, etc., par la raison que ces mots n’ont été inventés que pour les hommes qui exercent ces professions.
— (Louis-Nicolas Bescherelle, Grammaire nationale, Louis Bourgeois-Mazé, Paris, 1834, page 38) - ↑ Guide pour une communication publique sans stéréotypes de sexe, 2022
- ↑ Michèle Lenoble-Pinson, Dire et écrire le droit en français correct, Primento, 2014
Bibliographie[modifier le wikicode]
- Agnès de Féo, « Pourquoi on n’a aucun mal à dire coiffeuse et beaucoup plus à dire professeuse », dans Slate, 1er février 2018 [texte intégral]
- « professeuse », dans BHVF, Base Historique du Vocabulaire Français, ATILF (Analyse et traitement informatique de la langue française), 2024 → consulter cet ouvrage
- « professeur », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
- « professeuse », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- professeuses sur Logoscope
- « professio », dans le FEW (Französisches Etymologisches Wörterbuch), volume 9, page 430, 1922-2002 → consulter cet ouvrage
- Exemples en français
- français
- Dérivations en français
- Mots en français suffixés avec -euse
- Lemmes en français
- Noms communs en français
- Métiers de l’éducation en français
- Lexique en français de l’éducation
- Termes rares en français
- Termes désuets en français
- Rimes en français en \øz\
- Féminins conjugaux en français
- Noms de métiers féminisés en français