arlequin

Définition, traduction, prononciation, anagramme et synonyme sur le dictionnaire libre Wiktionnaire.
Voir aussi : Arlequin, arlequín

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Arlequin (Paul Cézanne)
(XVIe siècle) Étymologie controversée. Le mot arlequin pourrait provenir de :
  1. De l’ancien français Hellequin (« Satan »)[1]. La maisnie Hellequin (« escorte d’Hellequin ») désigne une chevauchée de démons, halequin signifie « génie malfaisant ». Entre 1571 et 1580, un zanni, paysan bouffon de la commedia dell’arte, donne à Paris une nouvelle interprétation de son personnage en empruntant au Hellequin français son nom et son comportement de petit diable. Emprunté par l’italien sous la forme Arlecchino, il fait alors le tour de l’Europe. (1585) Harlequin désigne un personnage de théâtre. — (Histoire plaisante des Faicts et Gestes de Harlequin Commedien Italien Contenant ses songes et visions, sa descente aux enfers pour en tirer la mère Cardine, Paris, Didier Millot, 1585)
  2. Selon Frédéric Ozanam[2], cet Hellequin serait apparenté au germanique Elfen Koenig (« roi des elfes ») altéré en Erlkönig (« roi des aulnes »).
  3. D’après Antoine Court de Gébelin, de l’italien el lecchino ou al lecchino (lecchino (« gourmand », « lécheur de plats », « lèche-cul »)), ce qui correspond au caractère originel de l’Arlequin du théâtre italien.
  4. De la racine germanique harl- (« bigarré ») avec le suffixe diminutif -kin (= -ken, -chen) — (Michel Desfayes, Origine des noms des oiseaux et des mammifères d’Europe y compris l’espèce humaine)
  5. De l’italien allocco (chouette hulotte) avec le suffixe diminutif -ino, ayant donné allochino, puis arlochino, en référence aux mouvements comiques et mécaniques de l’Arlequin italien et à son masque. — (Edmond Stoullig, Revue d’art dramatique)
  6. De harle ou herle (« oiseau de rivière bruyant au plumage bicolore noir et blanc ») avec le suffixe diminutif -quin. — (Commentaires aux Œuvres de Rabelais)
  7. D’après Gilles Ménage[3], du surnom d’un acteur italien qui aurait reçu le nom d’Harlecchino (« petit Harlay ») à cause de son intimité avec le président de Harlay, hypothèse probablement fausse[3].

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
Masculin arlequin
\aʁ.lə.kɛ̃\
arlequins
\aʁ.lə.kɛ̃\
Féminin arlequine
\aʁ.lə.kin\
arlequines
\aʁ.lə.kin\
Un arlequin en plâtre peint.
Lapins arlequins, par Léon Barillot

arlequin \aʁ.lə.kɛ̃\ masculin

  1. Personnage légendaire maléfique.
    • Harlequin, Hellequin, Hielekin, Hölle-Koenig : j’oïe la mesnie Hielekin, mainte kloquète sonnant… À l’époque où les juges de Bailleul interrogeaient Thomas, Arlequin n’était plus sur les tréteaux de la foire qu’un personnage traditionnel de la Comédie Italienne, amusant les badauds par ses bonds, ses saillies, et les moulinets de sa longue batte. Mais son collant à losanges jaunes et rouges avait été autrefois un habit de flammes ; son masque noir celui du prince des Ténèbres. Cet Arlequin honni des prédicateurs qui tonnaient contre les indécences du théâtre avait été dans l’Europe des temps païens l’émule du Roi des Aulnes et du lointain Cavalier Thrace : au milieu des abois et des hennissements, par monts et par vaux, à travers les landes et les marécages, il avait dirigé la Chevauchée Infernale dont chaque nuit dure cent ans. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 70)
  2. Personnage de la comédie italienne, qui a été introduit sur le théâtre français et dont le vêtement est formé de pièces de diverses couleurs.
    • Il joue les arlequins avec une supériorité incontestable; aucun acteur n’a dans cet emploi autant de souplesse, de grâces, de vivacité et d’intelligence. — (Fabien Pillet, 1801, La nouvelle lorgnette de spectacles)
    • On voyait encore il y a quelques années à cette procession, un homme déguisé en arlequin, que les Colonais appelaient Gekenbenchen, & qui devait danser continuellement devant le vénérable. — (Alexandre-Louis-Bertrand Robineau, dit de Beaunoir, 1792, Voyage sur le Rhin, depuis Mayence jusqu’à Dusseldorf, Volume 1)
    • Puis c’est un Arlequin d’une obscénité inattendue, dont le costume collant et versicolore laisse, çà et là, par quelques losanges vides, apparaître un peu de chair. Il brandit vers nous une batte qui a l’air d’un symbole ithyphallique, ou d’une palette à croupiers. — (Paul-Jean Toulet, Mon Amie Nane, 1922)
  3. Homme qui change d’opinion à tout moment.
  4. Objet fait d’éléments de couleurs variées, surtout d’éléments triangulaires.
    • Au fond, on aperçoit un lit recouvert d’une courtepointe arlequin, formée d’une multitude de morceaux d’étoffes de toute espèce et de toute couleur. — (Eugène Sue, Les Mystères de Paris, 1843)
    • Les frontières sont le portail des mondes. Elles sont des lignes réelles qui séparent les losanges d’arlequin. — (Sylvain Tesson, Blanc, Gallimard, 2022, page 231)
  5. (Ichtyologie) Vairon.
    • Qui ne connaît le Vairon ? le petit Poisson […] tout paré au printemps des plus magnifiques couleurs bleues et rouges ; couleurs qui lui ont valu dans certaines parties de la France, et notamment en Lorraine, le nom de Gendarme, ailleurs celui d’Arlequin. — (Émile Blanchard, Les poissons des eaux douces de la France, J.-B. Baillière, 1866, page 410)
  6. (Zootechnie) Désigne la robe d’un chien bigarrée ou le plumage d’un pigeon bigarré.
    • La robe du Berger de Beauce est arlequin lorsqu’elle est d’un bleu bigarré marqué de fauve.
  7. (Zootechnie) Synonyme de japonais (race de lapins).
  8. (Ornithologie) Genre de canard plongeur au plumage bigarré et vivement coloré dont il n'existe qu'une seule espèce, l'arlequin plongeur (Histrionicus, histrionicus). → voir arlequin plongeur
  9. (Argot) (1829) Rogatons, assortiment de restes provenant de tables bourgeoises ou de grands restaurants, vendus à des consommateurs peu fortunés. (Par extension) Plat cuisiné avec ces restes.
    • Voici la mère Maillard : c’est une bijoutière ou marchande d’arlequins. Je ne sais pas trop l’origine du mot bijoutier, mais l’arlequin vient de ce que ses plats sont composés de pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l’habit du citoyen de Bergame . — (Alexandre Privât d’Anglemont, Paris anecdote, 1854)
    • On appelle arlequin de petits tas de viandes mélangées que l’on vend à la balle pour les chats, pour les chiens et pour les pauvres. Ce sont des débris recueillis sur les assiettes chez les restaurateurs et chez les riches. — (Eugène-François Vidocq, Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu’en 1827)
    • Elle tombait aux arlequins, dans les gargotes borgnes, où, pour un sou, elle avait des tas d’arêtes de poisson mêlées à des rognures de rôti gâté. — (Émile Zola, L’Assommoir, page 508)
    • La recette de l’arlequin est un jeu d’enfant : il s’agit de réaliser une potée froide avec des ingrédients indéterminés, qui changent selon les jours, dont le mélange s’avère toujours inédit et qui donne à chaque fois une saveur différente. C’est le plat du hasard par excellence et de la nécessité par contrainte. — (Éric Mension-Rigau, Historia no 802 d’octobre 2013)

Variantes[modifier le wikicode]

Dérivés[modifier le wikicode]

Vocabulaire apparenté par le sens[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Traductions à trier[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier le wikicode]

Références[modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier le wikicode]