Canadien

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Voir aussi : canadien

Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Dérivé de Canada, avec le suffixe -ien. Première occurrence sous la plume de Jacques Cartier, dans la première moitié du XVIe siècle[1].

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
Canadien Canadiens
\ka.na.djɛ̃\

Canadien \ka.na.djɛ̃\ masculin (pour une femme, on dit : Canadienne)

  1. (Géographie) Citoyen du Canada.
    • Pour Danielle Al-Halabi, une jeune Canadienne d’origine libanaise rapatriée hier, le plus dur a été de laisser la famille derrière soi. — (Le Devoir, 22–23 juillet 2006)
    • On ne peut certes pas reprocher au gouvernement fédéral de chercher à développer des valeurs communes à tous les Canadiens, mais on ne saurait non plus faire grief au Québec de développer sa spécificité et d’en rechercher une reconnaissance constitutionnelle. — (Benoît Pelleter, Le Devoir, 13 octobre 2006)
  2. (Vieilli) (Ethnonymie) Francophone du Canada, descendant des colons français.
    • — (Philippe Aubert de Gaspé, Les Anciens Canadiens, 1863)
    • Lorsque les Canadiens français parlent d’eux-mêmes, ils disent toujours « Canadiens », sans plus ; et toutes les autres races qui ont derrière eux peuplé le pays jusqu’au Pacifique, ils ont gardé pour parler d’elles leurs appellations d’origine : Anglais, Irlandais, Polonais, ou Russes, sans admettre un seul instant que leurs fils, même nés dans le pays, puissent prétendre aussi au nom de « Canadiens ». C’est là un titre qu’ils se réservent tout naturellement et sans intention d’offense, de par leur héroïque antériorité. — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
    • Il était de ce beau type de Canadiens, fils des provinces de l’ouest de la France, vrais descendants du sang des Normands osseux et musclés, gigantesques, et d’une force à la fois souple et nerveuse. — (Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, page 145)
    • À l’heure où pénètrent Canadien français et Canayen dans l’usage, le premier chez l’élite, l’autre chez le peuple, des intellectuels s’opposent au principe d’adopter des dénominations qui se substitueraient à Canadien, concession injuste à leurs yeux. Ils vont défendre l’idée qu’il faut s’accrocher au nom Canadien, appartenant historiquement en propre aux francophones : « Nos aïeux […] étaient purement et simplement des Canadiens. Canadien-français est un pléonasme : qui dit canadien dit français. […] Nous étions déjà des Canadiens sous le régime français, nous sommes restés canadiens après la cession, et c’est pour conserver ce titre de Canadien que nos aïeux ont lutté contre les conquérants » (La Presse, 9 avril 1892). — (Geneviève Joncas, « Virage à 180 degrés : Des Canadiens devenus Québécois », in Cap-aux-Diamants, no 96, 2009, pages 25–28)
  3. Équipe de hockey le Canadien de Montréal. Note : S'utilise au singulier ou au pluriel.
    • C’est aujourd’hui que les vraies choses commencent pour le Canadien. À quoi doit-on s’attendre des hommes de Claude Julien dans cette série de qualification contre les Penguins de Pittsburgh ? — (Le Journal de Québec', 1er août 2020)

Note d’usage :

Au début (XVIe siècle), sous la plume de Jacques Cartier, le mot Canadien désigne les Iroquois de Stadaconé (emplacement de la future ville de Québec). Au début du XVIIe, Champlain l’utilise à nouveau, mais pour désigner tous les Amérindiens de la vallée du Saint-Laurent, ainsi que les Micmacs.
  • Les premiers colons qui prennent racine dans la colonie au début du XVIIe siècle sont décrits par les autorités comme des « habitants » ou des « François ». Ce n’est qu’à partir de 1670 que l’ethnonyme « Canadien » vient à désigner ceux qui ne sont ni des « Sauvages » ni des Français de passage. — (Éric Bédard, Histoire du Québec pour les nuls, Éditions First, 2015, page 55)
  • Entre 1670 et 1680, une nation canadienne vit le jour. Cette réalité fut très nettement perçue par les Canadiens, comme par les Français. On nomma les premiers : « résident », « domicilié », « habitué au pays », « habitant » ou « originaire », tandis que les seconds étaient de « nouveaux arrivants ». Talon lâcha le grand mot en 1670 : il parla des Canadiens, par opposition aux Français. — (Jean Hamelin (dir.), Histoire du Québec, Edisem, 1977, pages 166-167)
À partir de la Conquête (1760–1763), le mot Canadien a continué de désigner les habitants francophones du Canada, par opposition aux nouveaux maîtres, appelés tout simplement Anglais (le Canada n’était encore qu’une colonie britannique)[2]. Malgré un mouvement de certains anglophones cherchant à appliquer le terme Canadiens aux anglophones et Canadiens-Français aux francophones[3] à partir de la fondation du Canada moderne (Confédération) en 1867[4], la dichotomie « Canadiens / Anglais » a prévalu dans la sphère francophone jusqu’au milieu du XXe siècle.
  • Qu’est-ce que les Canadiens? Généalogiquement, ce sont ceux dont les ancêtres habitaient le pays avant 1759, et dont les lois, les usages, le langage leur sont politiquement conservés par des traités et des actes solennels; […] — (Augustin-Norbert Morin, La Minerve, 23 avril 1827)
  • Cet Écossais, nommé Brown, est l’ami des Canadiens français. Il dit qu’il aime mieux les Canadiens que les Anglais. Il nous parle souvent de sa femme qui est une Canadienne française. — (Journal de Lorenzo Létourneau (1898), 17 Eldorado, Qualigram/Linguatech, Montréal, 2006)
  • Quand on lit les discours des premiers ministres du Canada, on doit attendre Sir Charles Tupper, quelque 25 ans après la Confédération de 1867, pour entendre un premier ministre parler des « Canadiens » dans le sens politique actuel de « citoyen du Canada ». — (Le Devoir, 28 novembre 2005)
De 1791 à 1840, on parle aussi de Bas-Canadiens, le territoire canadien ayant été divisé en deux : le Haut-Canada (actuel territoire de l’Ontario) et le Bas-Canada (actuel territoire du Québec).
À partir des années 1840[5] ou 1860[6] et jusque dans les années 1960, le mot couramment utilisé était Canadien français (souvent avec un trait d’union), que l’on opposait toujours à Anglais ou à Canadien anglais. À partir de la fin des années 1960, avec la Révolution tranquille et la montée du sentiment d’identité proprement québécoise, le mot Québecois (qui s’est simultanément transformé en Québécois) en est venu à déloger Canadien et Canadien français, lesquels ont été dès lors associés à une époque révolue ou à un fédéralisme de mauvais aloi. (L’inconvénient de cette évolution est qu’elle laisse dans l’ombre le million de francophones hors Québec, lesquels ont alors hérité, justement, de cette appellation, qui semble accentuer leur situation marginale.)
Il faut noter la forme populaire Canayen, attestée pour la première fois en 1890 mais dont l’origine orale remonte sans doute plus loin, et qui demeure utilisée en guise de clin d’œil aujourd’hui.
Enfin, parmi les variantes historiques pour désigner les francophones canadiens descendants de la colonisation du Régime français, citons Boréalien, Canadois (XVIIe siècle) ; Québécain, Québé-Canadien et Québecien (1837) ; Franc-Canadien, Francien, et Franco-Canadien (Vers 1840) ; ainsi que Franconien et Laurentien (Vers 1910). Aucun de ces termes n’a eu bonne fortune.

Notes[modifier le wikicode]

Ce mot est un gentilé. Un gentilé désigne les habitants d’un lieu, les personnes qui en sont originaires ou qui le représentent (par exemple, les membres d’une équipe sportive).

Dérivés[modifier le wikicode]

Apparentés étymologiques[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Nom propre [modifier le wikicode]

Canadien \ka.na.djɛ̃\

  1. (Sport) Prestigieux club de hockey sur glace professionnel, basé à Montréal et fondé en 1909.
    • Le Canadien de Montréal.
    • Vous en pensez quoi ? Vous avez sans doute hâte de voir les améliorations du Canadien toutes vantées par le reste du circuit, mais on est drôlement loin d’une situation qui ressemble à la normale. — (Michel Beaudry, « Saison foutue », Le journal de Montréal, 16 novembre 2020)
Note : Dans la langue populaire, on dit souvent plutôt les Canadiens de Montréal.

Synonymes[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Anagrammes[modifier le wikicode]

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Voir aussi[modifier le wikicode]

  • Canadien sur l’encyclopédie Wikipédia
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  1. Éric Bédard, Histoire du Québec pour les nuls, Éditions First, 2015, page 55.
  2. « Pour leur part, les Canadiens [français] appellent Anglais indistinctement les Britanniques, les Écossais et les Irlandais. » — (Jean Delisle, Interprètes au pays du castor, Presses de l'Université Laval, 2019, page 20)
  3. Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec, volume 1, « Des origines à 1791 », 2013.
  4. Chantal Bouchard, La langue et le nombril, Presses de l'Université de Montréal (PUM), 2020, page 71.
  5. Éric Bédard, Les Réformistes – Une génération canadienne-française au milieu du XIXe siècle, page 72.
  6. Chantal Bouchard, La langue et le nombril, Presses de l'Université de Montréal (PUM), 2020, page 70.