mordre

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Voir aussi : mòrdre

Français

Étymologie

Du latin populaire *mŏrdĕre, en latin classique mŏrdēre « mordre ». De cette racine latine, le français a aussi mordicus.

Verbe

mordre \mɔʁdʁ\ transitif 3e groupe (voir la conjugaison)

  1. Serrer avec les dents de manière à entamer.
  2. Modèle:par ext Piquer avec le bec ou un dard.
    • Le perroquet mord.
    • Cet enfant est tout mordu de puces.
  3. (Par analogie) (Architecture) Enserrer fermement.
    • Des moises doubles J pinçaient ce poteau D, reposaient sur la longrine F, mordaient les trois poteaux G, H, I, celui G étant appuyé sur le parement incliné du merlon, et venaient saisir le poteau postérieur K également incliné. — (Eugène Viollet-le-Duc, La Cité de Carcassonne, 1888)
  4. (Familier) Prendre du goût pour une étude, y faire des progrès.
    • Cet enfant commence à mordre au latin.
    • Du reste, je n’étais pas le seul de mon avis sur la poésie hindoue. J’avais mon voisin de gauche qui n’y mordait pas non plus… — (Alphonse Daudet, Le petit Chose, 1868, réédition Le Livre de Poche, page 181)
    • Mattia, qui jusqu’alors avait très-peu mordu à la lecture, fit des progrès surprenants le jour où il lut dans la Théorie de la musique de Kuhn. — (Hector Malot, Sans famille, 1878)
    • Tandis que la plupart de mes condisciples, affaiblis par l’humanisme un peu fade de M. Dupanloup, ne pouvaient mordre à la scolastique, je me pris tout d’abord d’un goût singulier pour cette écorce amère ; je m’y passionnai comme un ouistiti sur sa noix. — (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 128)
  5. (Sens figuré) Ronger, creuser ou percer.
    • Un fumet âcre, une odeur de fraîchin, comme disent nos matelots lorsqu'ils veulent qualifier cette odeur que les grands poissons de mer laissent après eux, me mordait à la gorge, […]. — (Alexandre Dumas, Les baleiniers: voyages aux terres antipodiques : Journal du Docteur Maynard, tome 1, Paris : chez Calmann-Lévy, s.d. (1861 ?), page 298)
    • Je cherchai de nouveau, je reconnus un clou, un clou que les croque-morts avaient enfoncé de travers, et qui n’avait pas mordu dans le bord du cercueil. Il était très long, très pointu. La tête tenait dans le couvercle, mais je sentis qu’il remuait. À partir de cet instant, je n’eus plus qu’une idée : avoir ce clou. — (Émile Zola, La Mort d’Olivier Bécaille, 1879)
    • Nous atteignons bientôt la région des nuages, et la température tombe si bas, que le froid nous mord horriblement les mains et les pieds. — (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 82)
    • Le grand air de l’Océan mordait notre visage avec une violence telle que nous avons dû, à plusieurs reprises, étaler sur les joues et le nez de la vaseline, dont nous nous étions munis. — (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • L’eau-forte mord sur les métaux.
    • L’eau-forte n’a pas assez mordu sur cette planche.
    • La lime ne mord point dans l’acier bien trempé.
    • L’ancre n’a pu mordre sur ce fond de rocher.
    • Cette vis n’a pas mordu dans le bois : elle n’a pas pénétré dans le bois.
    • Les dents de cette roue ne mordent pas assez sur le pignon : elles n’engrènent pas assez.
  6. (Pêche) Saisir l’appât.
    • Le poisson mord, ne mord pas.
    • C’est l’heure, où les poissons mordent parfois à l’hameçon.
    • Elle sourit en me voyant : elle m’avait reconnu. Peut-être son sourire signifiait-il aussi : « Le poisson mord !… » — (Paul Guth, Le mariage du Naïf, 1957, réédition Le Livre de Poche, page 53)
    • Ça mord bien aujourd'hui.
  7. (Gravure) Faire subir l’action de l’eau-forte, après avoir découvert en différents endroits, à l’aide d’une pointe à graver, le vernis dont elle est enduite.
    • Mordre une planche, ou Faire mordre une planche.
  8. (Typographie) Dépasser, déborder.
    • La vignette mord sur les lettres : elle avance sur les lettres.
    • Il faut mordre plus avant dans l’étoffe : il faut faire la couture un peu plus loin du bord de l’étoffe, pour qu’elle ne se défasse pas.
  9. Border, comme en empiétant.
  10. (Sens figuré) Médire, reprendre, critiquer, censurer avec âpreté.
    • Il cherche à mordre sur tout.
    • Il n’y a point à mordre sur sa conduite.
    • Il ne donne point à mordre sur lui.
  11. (Argot) (Vieilli) Regarder.
    • De n’pas danser, on mord les autres, n’est-ce pas ? et j’ai justement vu — quand tu m’interrogeais — une connaissance avec qui j’suis en affaire et qui, en douce, m’a fait signe de rappliquer. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Le Bosphore, eh bien le Bosphore c’est pas de la merde non plus ! Tiens, matez les couleurs : la Corne d’Or, la Mer Noire, la Mosquée Bleue et les minarets, mordez les minarets ! — (Bernard Blier, Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, Michel Audiard, 1971)

Synonymes

Serrer avec les dents de manière à entamer :

Dérivés

Apparentés étymologiques

Proverbes et phrases toutes faites

Traductions

Prononciation

Références

Ancien français

Étymologie

(Verbe) du latin mordere.
(Adjectif) Déverbal de mordrir.

Verbe

mordre \Prononciation ?\

  1. Mordre.
    • Mort des dens et des pates fiert — (La Vengeance Raguidel, édition de C. Hippeau, page 183, début du XIIIe siècle)
      [L’ours] les mord avec ses dents et les frappe avec ses pattes

Notes

Adjectif

mordre \Prononciation ?\ masculin et féminin identiques

  1. Meurtrier.

Références