taper

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Français[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

(Verbe 1) (XIIIe siècle) D’une onomatopée tap[1]. Apparenté par Diez[2] à l’allemand tappen, à l’anglais dab[3] au néerlandais deppen et au suivant.
Plus avant, le radical germanique est issu de l’indo-européen *dʰabʰ- qui donne[4] le latin faber (« artisan, celui qui fait ») et taper retrouve le sens de « fabriquer, forger [taper avec un marteau] » dans des expressions comme se taper une corvée, tout le travail.
(Verbe 2) (XVIIIe siècle) De l’occitan tapar (« couvrir »), apparenté à tapon, à l’espagnol tapar, à l’italien tappare et au précédent.
(Nom commun) De l’anglais taper.

Verbe 1 [modifier le wikicode]

taper \ta.pe\ transitif, intransitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. (Familier) Frapper du plat de la main, battre, donner un ou plusieurs coups.
    • Taper un enfant.
    • Si vous désobéissez, je vous taperai.
    • Elles se tapèrent comme les laveuses tapent leur linge, rudement, en cadence. Quand elles se touchaient, le coup s’amortissait, on aurait dit une claque dans un baquet d’eau. — (Émile Zola, L’Assommoir, 1877, page 400)
    • Se taper le front.
    • Ça riait en se tapant les cuisses. — (Jean Giono, Un de Baumugnes, 1929, page 67)
  2. Frapper, cogner, toquer pour produire un bruit.
    • Dedans on buvait des boissons variées qu’à la couleur on reconnaissait pour du cidre, du café ou de l’eau-de-vie, et l’on tapait les verres ou les tasses sur les tables avec des éclats de voix qui ressemblaient à des disputes. — (Hector Malot, En famille, 1893)
    • Il faisait joyeusement taper ses béquilles sur le pavé. — (René Benjamin, Gaspard, 1915, page 150)
    • Taper trois coups à la porte.
  3. (Théâtre) Frapper trois coups pour annoncer le début du spectacle.
    • L’Annoncier tape fortement le sol avec sa canne, et lorsque le silence règne, il annonce : Le Soulier de satin ou Le Pire n’est pas toujours sûr — (Paul Claudel, Le Soulier de satin, 1944)
  4. (Musique) Mal jouer de la musique en frappant sans nuance sur un instrument.
    • Il n’y avait guère là, le soir, que la seconde des corsets, miss Powell, qui tapait sèchement du Chopin sur le piano. — (Émile Zola, Au Bonheur des dames, 1883, page 648)
  5. Dactylographier, écrire à la machine ou à l'ordinateur, les doigts frappant le clavier.
    • Je lui dictais sévèrement des choses ennuyeuses qu’elle tapait avec une application timide, toute frêle, toute mièvre dans sa robe de confection simili popeline. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 199)
    • J’étais écœurée de son attitude, elle jouait les étonnées et essayait de me persuader que c'était Jojo qui avait tapé ce courrier. — (Catherine Podgorski, Charlatan, Scélérat, Menteur! Je vous présente mon employeur, Éditions Publibook, 2001, page 68)
    • Je tapai un début de phrase, sans conviction. — (Éric Neuhoff, La Petite Française, Albin Michel, 1997, page 30)
  6. Jouer, le complément d’objet désignant des cartes (→ voir taper le carton) ou un jeu de cartes.
    • Il regarda dans la glace quatre vieux qui tapaient une belote en silence. — (René Fallet, Banlieue sud-est, 1947, page 33)
    • Les vrais « hommes » se réfugient chez Dupont tout est bon, où la banalité est encore de mise, dans les tabacs rebelles aux effets, et tapent leurs parties de cartes sur le tapis de tout le monde sans verser dans un académisme de sages-femmes. — (Léon-Paul Fargue, Le Piéton de Paris, 1939, page 137)
  7. (Argot) Prendre.
    • On pique, on avale… on tape dans le tas avec les doigts… le tout c’est de s’y mettre… Et c’est excellent ! — (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Mort à crédit, Denoël, Paris, 1936, page 324)
  8. (Populaire) Se faire donner ou prêter de l'argent.
    • Mon fils m’a tapé vingt euros.
    • Gontran.— Non, je viens pour le taper, ainsi vous comprenez…
      Moricet.— Le taper !… Vous frappez votre famille ?
      Gontran.— Mais non… Je voudrais qu’il me prête cinq cents francs.
      — (Georges Feydeau, Monsieur chasse !, 1892)
    • Je ne sais pas si vous savez que vous êtes comtesse de Combray et que le chapitre vous doit une redevance ?
      — Je ne sais pas ce que me doit le chapitre, mais je sais que je suis tapée de cent francs tous les ans par le curé, ce dont je me passerais.
      — (Marcel Proust, Un amour de Swann, 1913, réédition Le Livre de Poche, page 198)
    • L’idée du mariage flottait autour de Jacques : « Je ne puis pourtant plus taper maman », pensait-il ; de fait, la marquise d’Iscamps était bien capable de se ruiner toute seule et sans qu’on l’y aidât. — (Paul-Jean Toulet, Mon Amie Nane, 1922)
    • Lecouvreur était encore un bleu dans le métier de bistrot. Il ne savait pas se débarrasser des raseurs qui le tapaient d’une tournée. — (Eugène Dabit, L’Hôtel du Nord, 1929, page 60)
    • Entre vingt et trente ans, on peut taper les copains pour finir le mois, ça n’a pas d’importance. Entre trente et quarante, ça commence à devenir pénible. Au-dessus de quarante, c’est intolérable. — (Roger Vailland, Drôle de jeu, 1945, page 206)
  9. (Intransitif) Frapper, donner un ou plusieurs coups, rosser, heurter, cogner.
    • Taper sur quelque chose.
    • Il lui tapa sur le ventre.
    • Elles couraient et couraient. Leur cœur tapait ; bientôt le souffle leur manqua. — (Henri Pourrat, Gaspard des montagnes, 1930, page 242)
    • Ce fut lui, enfin, qui enfonça les crochets pour les fameux rideaux, non sans taper du marteau sur ses doigts. — (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, chapitre VIII, Gallimard, 1937)
    • Levaque, délassé et excité d’avoir tapé sur sa femme, tâcha vainement d’entraîner Maheu chez Rasseneur. — (Émile Zola, Germinal, 1885, page 1233)
  10. (Intransitif) (Par extension) En parlant du soleil, frapper par sa puissance ou sa luminosité.
    • Le soleil tapait à travers la vitre, je comptais les gares et je lisais et relisais l’adresse et le numéro de téléphone sur la carte de Georges. — (Lolita Pille, Bubble gum, Bernard Grasset, Paris, 2004, ISBN 2-246-64411-9, chapitre III, page 43)
    • Mets-toi une casquette, le soleil va taper fort aujourd'hui. — (Michel Rabagliati, Paul à la pêche, éditions la Pastèque, Montréal, 2006, page 75)
  11. (Intransitif) Frapper, atteindre.
    • Taper à côté : Échouer.
    • Taper dans le mille : Réussir.
  12. (Intransitif) Monter à la tête, enivrer.
  13. Prendre au nez, à la gorge, puer.
    • Ça tape ici !
    • Il tape des arpions que c’est pas croyable… On se recule nauséeux. — (Bertrand Blier, Les Valseuses, 1972)
  14. (Pronominal) (Populaire) Manger, boire.
    • J’avais de quoi alimenter la conversation chez Lipp où j’avais l’intention d’aller me taper une choucroute. — (Jo Barnais, Mort aux ténors, chapitre II, Série noire, Gallimard, 1956, page 19)
    • Tiens, ma vieille elle a soixante-cinq ans, j’habite avec elle. Eh bien, à son âge, elle se tape encore son kil de rouge dans la journée. — (Jean-Paul Sartre, Les Chemins de la liberté : La Mort dans l’âme, 1949, page 247)
  15. (Pronominal) Faire, être obligé, contraint de faire.
    • C’est moi qui ait dû me taper tout le travail.
    • «Qu’il se débrouille. Je me suis déjà tapé les mesures à défendre», souffle à Chez Pol un cador du groupe LREM à l’Assemblée. — (Sylvain Chazot, Etienne Baldit et Chez Pol, À LREM, la patience envers Jean-Michel Blanquer a des limites, Libération, 18 janvier 2022)
    • J’ai dû me taper tout le trajet à pied.
  16. (Pronominal) Être atteint par, subir.
    • Se taper une angine.
  17. (Pronominal) (Vulgaire) Se faire, faire l’amour avec.
    • Se taper un mec.
    • Se taper une meuf.
  18. (Pronominal) (Populaire) Faire coup blanc, ne rien obtenir, faire des efforts en vain.
    • Tu peux toujours te taper.
  19. (Pronominal) (Vulgaire) Se branler, n’en avoir rien à foutre.
    • Je m’en tape !
    • Je n’en ai rien à taper.
    • Nous faisons des confidences, toujours des confidences – « grande rencontre », « profonde générosité », « c’est un homme formidable » – d’une impudeur démente et dont tout le monde se tape. — (Fabrice Luchini, Comédie française, Flammarion, J’ai lu, 2016, page 198)
  20. (Familier) Consommer de la drogue par le nez.

Synonymes[modifier le wikicode]

puer

être contraint de faire

Dérivés[modifier le wikicode]

Traductions[modifier le wikicode]

Traductions à trier[modifier le wikicode]

Verbe 2[modifier le wikicode]

taper \ta.pe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se taper)

  1. Boucher, fermer, couvrir. Boucher avec une tape.
    • Par mauvais temps, il faut taper les hublots.
  2. (Rare) Se couvrir le visage.
    • Veut-elle sortir, elle passe sa saya sans corset (la ceinture de dessous serrant la taille suffisamment), laisse tomber ses cheveux, se tape, c’est-à-dire se cache la figure avec le menton, et sort pour aller où elle veut. — (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, dans Revue de Paris, tome 32, 1836)

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
taper tapers
\te.pœʁ\

taper \te.pœʁ\ masculin

  1. (Anglicisme) (Informatique) Raccord de fibre optique.
  2. Clé de court-circuit placée entre les bornes d'un galvanomètre pour éviter le passage d'une trop forte intensité de courant électrique.

Prononciation[modifier le wikicode]

Anagrammes[modifier le wikicode]

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Références[modifier le wikicode]

  1. « taper », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  2. « taper », dans Émile LittréDictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
  3. Taper sur le Wiktionnaire anglais
  4. Julius PokornyIndogermanisches etymologisches Wörterbuch, 1959 → consulter cet ouvrage

Anglais[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

Du moyen anglais taper, du vieil anglais tapor, d’origine incertaine. Le terme pourrait peut-être :
  1. être issu du latin papyrus qui désignait à l’époque médiévale la mèche d’une bougie. Si c’est le cas, il s’agit d’un doubler des mots papyrus et paper.
  2. provenir d'une langue celtique par comparaison avec le gaélique irlandais tapar, qui pourrait être rapproché du sanskrit तपती (tápati).

Nom commun [modifier le wikicode]

Singulier Pluriel
taper
\ˈteɪ.pɚ\
tapers
\ˈteɪ.pɚz\

taper \ˈteɪ.pɚ\

  1. Effilage, conicité.
  2. Cierge.
    • Strike on the tinder, ho!
      Give me a taper, call up my people!
      This accident is not unlike my dream,
      Belief of it opresses me already.
      Light, I say, light!
      — (William Shakespeare, Othello, acte I, scène 1, traduction de M. Guizot)
      Battez le briquet ! Vite ! donnez-moi un flambeau ! Appelez tous mes gens ! Cette aventure ressemble assez à mon songe : la crainte de sa vérité oppresse déjà mon cœur. De la lumière ! de la lumière !

Verbe [modifier le wikicode]

Temps Forme
Infinitif to taper
\ˈteɪ.pɚ\
Présent simple,
3e pers. sing.
tapers
\ˈteɪ.pɚz\
Prétérit tapered
\ˈteɪ.pɚd\
Participe passé tapered
\ˈteɪ.pɚd\
Participe présent tapering
\ˈteɪ.pɚ.ɪŋ\
voir conjugaison anglaise

taper \ˈteɪ.pɚ\

  1. Effiler.
  2. Tailler en cône ou en pointe.

Dérivés[modifier le wikicode]

Prononciation[modifier le wikicode]

Homophones[modifier le wikicode]

Breton[modifier le wikicode]

Forme de verbe [modifier le wikicode]

Mutation Forme
Non muté taper
Adoucissante daper
Spirante zaper

taper \ˈta.pːɛr\

  1. Impersonnel du présent de l’indicatif du verbe tapañ/tapek/tapout.

Gallo[modifier le wikicode]

Étymologie[modifier le wikicode]

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Verbe [modifier le wikicode]

taper \Prononciation ?\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (graphie inconnue)

  1. (Melesse) Frapper.

Références[modifier le wikicode]